Après l’incendie à l’usine Seine Aval du SIAAP…

survenu dans la nuit du 3 juillet 2019, les interrogations des riverains et des associations.

Suite de l’article de Patrick Menon, paru dans les Brèves n°105 d’octobre 2019*

Pour mémoire : Qu’est-ce que la clarifloculation ?

La clarifloculation (de coagulationfloculation) réalise les opérations regroupant la clarification, la floculation, la décantation et l’épaississement des boues, le tout via un clarifloculateur. Elle permet notamment de traiter les phosphores dans les stations d’épuration.
La clarifloculation est un traitement chimique-physique des eaux usées et consiste surtout dans l’enlèvement des substances suspendues
Lire plus : https://www.aquaportail.com/definition-5676-clarifloculation.html

Conséquences de l’incendie :        

  • Altération des capacités de traitement du phosphore et du traitement biologique
  • Pollution carbonées et azotée
  • Pollution phosphatée

Déroulement des actions depuis fin 2019

A la suite des précédents arrêtés préfectoraux, l’arrêté préfectoral du 9 septembre 2019 :

  • a autorisé le SIAAP à poursuivre l’exploitation des installations sises dans l’enceinte de la station d’épuration de Seine-Aval sous respect des conditions contenues dans cet arrêté et des éléments contenus dans son porté à connaissance complété le 4 octobre 2019 (version 2).
  • a demandé au SIAAP de faire produire avant le 30 juin 2020 au Préfet et à la DRIEE un audit de sécurité indépendant, portant sur dix thématiques, dont le diagnostique sur la sécurité incendie à remettre pour le 28 février 2020.
  • a défini des instructions concernant l’utilisation du chlorure ferrique.
  • a demandé à l’exploitant de faire réaliser une étude de résilience de ses capacités de traitement face aux risques technologiques inhérents à l’exploitation, dont les conclusions sont remises au Préfet et à la DRIEE avant le 31 décembre 2020.

Réunion du 9 décembre 2019 sur le site de l’usine :

Suite à la quatrième réunion en sous-préfecture le 17 septembre (voir article précédent), une réunion du CSS élargi a été organisée le 9 décembre 2019 sur le site de l’usine Seine-Aval, à la demande de la Secrétaire d’Etat E. Wargon, qui a présidé cette réunion.

Un point a été fait avec les membres du comité de suivi du site, en présence du Préfet des Yvelines, du Sous-préfet d’Argenteuil, du Président du SIAAP, du Directeur Général du SIAAP, du Directeur du site Seine Aval, d’un représentant de la DRIEE, des élus (maires, parlementaires, conseillers départementaux et régionaux) des Yvelines et du Val-d’Oise et des associations.

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Le SIAAP a présenté l’état des actions :

  • Recherche des causes de l’incendie :
    • zone de départ de feu localisée au niveau du local de stockage de chlorure ferrique,
    • Installation à l’arrêt pour opération de maintenance.
  • Audit sécurité SAV :
    • Lancement en novembre 2019,
    • Rendu prévu début 2020.
  • Solutions alternatives pour améliorer la capacité de traitement des eaux usées :
    • Injection de chlorure ferrique en décantation primaire pour améliorer les capacités de traitement du phosphore, à partir de novembre 2019,
    • Remise en service du traitement biologique AIV (tranche boues activées) pour améliorer les capacités de traitement biologique, à partir de juin 2020,
  • Nuisances olfactives :
    • Bilan des plaintes,
    • Présentations des dispositions olfactives spécifiques.

Réunion du 6 juillet 2020 en sous-préfecture de Saint-Germain-en-Laye :

Cette CSS élargie était réunie, à la demande de Madame E. Wargon, ancien Ministre, excusée du fait du remaniement ministériel en cours, dans les jardins de la sous-préfecture.

En première partie de la réunion on a rappelé les faits et les actions engagées par le SIAAP pour pallier au défaut de l’unité de clarifloculation de l’usine Seine Aval.

Le SIAAP a précisé que la remise en service des capacités de traitement de l’usine est prévue pour fin 2022.

Puis on a rappelé les zones impactées par l’incendie et les travaux de sécurisation, de nettoyage et de démantèlement, exécutés et en cours.

Les études concernant les travaux de reconstruction ont été présentées.

En seconde partie, on a présenté l’impact sur le milieu récepteur :

  • Qualité de l’eau en Seine : fortement dégradée suite à l’incendie causant le rejet direct d’effluents non traités, d’où la forte mortalité des poissons, a retrouvé un niveau acceptable suite à l’injection de chlorure ferrique en novembre 2019, et à l’oxygénation :
    • Phosphore : de valeurs supérieures à 1 mg/l de PO4 suite à l’arrêt de fonctionnement de l’unité, les valeurs sont descendues au-dessous du seuil de 0,5 mg/l après l’injection du FeCl3, jusqu’en juin 2020,
    • Oxygénation : des « îlots » d’oxygénation existent depuis 25 ans et utilisés en cas d’orage entraînant des déversement d’eaux partiellement traitées ou brutes dans la Seine. Ils sont actionnés pour protéger la faune piscicole. Un îlot supplémentaire a été installé à SAV en juillet 2019.
  • Dispositif pour l’été 2020 :
    • Gestion optimisée des 6 usines,
    • Renforcement de la protection du milieu récepteur par les systèmes d’oxygénation,
    • arrêté inter-préfectoral du 1er avril 2020 prévoyant un renforcement des modalités du suivi du milieu en période estivale du 16 mai au 14 octobre, et une communication renforcée.
    • Analyse bimensuelle physico-chimiques et bactériologiques,
  • Surveillance des nuisances olfactives des bassins d’aération de l’usine Seine Aval.

En troisième partie, on est revenu sur les causes de l’incendie, dont la plus probable est un défaut d’isolement de câbles, et proximité de produits en matériaux composites.

Enfin un point a été fait sur l’Audit de Sécurité :

  • 10 thématiques couvrant tous les aspects du site,
  • Deux dossiers transmis : Sécurité incendie et Prévention des risques incendie et explosion,
  • 4 points positifs et 4 axes de progrès identifiés,
  • Elaboration d’un Plan d’Actions.

Plusieurs questions ont été posées, principalement par les élus :

  • Inquiétudes concernant l’incertitude sur l’origine du feu,
  • Interrogation sur le niveau de sécurité du site plutôt faible relevé par l’Audit compte-tenu du niveau de classement de l’usine,
  • Forte demande de communication.

Tous les riverains, les associations et la population sont, comme les élus, demandeurs d’informations précises sur l’état de la sécurité du site de l’usine Seine-Aval, qui traite les effluents de la région parisienne 24h/24, et qui a les yeux de l’Europe et du monde rivés sur lui.

Patrick Menon, 07/2020

Liens vers les précédents articles :

* Brèves n°105 d’octobre 2019, page 5 : http://www.yvelines-environnement.org/wp-content/uploads/2014/06/Br%C3%A8ves-YE-n%C2%B0105.pdf